Agnès est infirmière anesthésiste.   Elle a notamment travaillé dans un bloc opératoire de neurochirurgie à Lyon. C’est en observant deux de ses collègues utiliser avec succès l’hypnose lors de l’accueil des patients et ensuite pendant l’induction, c’est-à-dire la période où l’on endort la personne qui va être opérée, qu’Agnès à découvert l’hypnose. Ces patients étaient plus calmes et plus détendus que les autres. Convaincue par ces expériences, elle a décidé d’apprendre des techniques d’hypnose.

Nous lui avons demandé de nous donner son avis sur l’hypnose et de nous expliquer comment elle l’utilise sur ses enfants pour les apaiser et les aider au moment des vaccins.

 Le  Blog bouée : Comment avez-vous découvert l’hypnose ?

Agnès : J’ai découvert l’hypnose en pédiatrie dans le bloc de neurochirurgie. Un médecin anesthésiste pédiatre réalisait une étude pour comparer l’efficacité de l’Hypnovel, un médicament utilisé pour calmer les enfants avant de les endormir pour une intervention chirurgicale, et de l’Ipad. Il utilisait des jeux sur la tablette pour distraire les enfants et capter leur attention pendant cette période très stressante. Ce médecin m’a parlé de l’hypnose et expliqué que c’était très fréquemment utilisé en pédiatrie, surtout dans les services d’urgence, quand aucun médicament n’avait pu être donné pour détendre l’enfant.

LBB : Depuis combien de temps l’utilisez-vous ?

Agnès : Je l’utilise depuis septembre 2012. Dès le premier jour de la formation sur l’hypnose, j’ai eu des informations très pratiques qui m’ont donné des outils, des clés, des mots à essayer immédiatement. Plus on utilise l’hypnose et plus on est à l’aise avec les différents moyens qu’elle propose. Je m’en suis surtout servi à des fins apaisantes, pour détendre une personne ou dédramatiser une situation, mais jamais à but thérapeutique comme pour arrêter de fumer ou calmer des angoisses.

LBB : Qu’est ce qu’y vous a poussé à l’utiliser sur vos enfants ?

Agnès : L’hypnose est une méthode simple, sans besoin d’aucun médicament et sans effets secondaires. On utilise la parole, les mots, l’intonation de la voix, l’ambiance et l’imaginaire. Si cela devait ne pas fonctionner, cela ne peut faire aucun mal de toute façon.

Je l’ai surtout utilisé pour calmer mes enfants lorsqu’ils avaient du mal à trouver le sommeil ou au moment de leurs vaccins.

 LBB : Quels sont les avantages de l’hypnose?

Agnès : C’est une méthode non invasive comme je l’ai expliqué ci-dessus, utilisable pratiquement partout et gratuite. Nous pouvons nous servir d’objets, surtout pour distraire les enfants, mais cela n’est pas indispensable. J’aime aussi le fait que le patient fasse partie intégrante de la méthode. Il doit adhérer à la démarche pour qu’elle soit efficace. C’est aussi un moyen pour la personne de prendre part aux soins, aux traitements et aux décisions qui la concernent. Elle a une part active dans son bien-être et le soulagement de sa douleur. J’apprécie aussi le fait que le plus souvent, surtout avec les enfants, ce sont eux qui nous donnent les clés de ce qu’il faut utiliser avec eux. Il suffit de poser quelques questions avec les mots adéquats sur un ton détendu et leur imaginaire fait le reste. Il m’est arrivé plus d’une fois de ne plus rien dire et de laisser les enfants m’expliquer leur endroit préféré, ou le sport qu’ils pratiquent ou ce qu’ils dessinent.

L’hypnose est aussi un moyen enseigné au patient pour qu’il l’utilise seul dans les moments douloureux de son traitement en plus des médicaments ou dans sa vie quotidienne.

 LBB : Les effets sont-ils immédiats ?

Agnès : Lorsque les techniques sont bien maitrisées, elles sont efficaces très vite comme la technique du «gant magique» par exemple. Il s’agit de faire imaginer à un enfant qui doit recevoir un soin douloureux sur la main qu’elle est protégée par un gant doté de pouvoirs pour qu’il ressente la douleur moins intensément. Il faut prendre quelques minutes pour parler avec l’enfant et installer l’histoire. Ensuite, le soin se passe bien et rapidement. On perd beaucoup plus de temps pour faire les soins si l’enfant bouge, pleure, crie ou se débat et l’enfant gardera en mémoire cette mauvaise expérience pour les soins suivants.

LBB : Utilisez-vous l’hypnose pour autre chose ?

Agnès : Je l’utilise aussi parfois dans la vie de tous les jours, pour moi. Chez le dentiste par exemple, je m’imagine à un endroit où je préférai être. Je pense que tout le monde le fait, sans même sans rendre compte et sans lui donner le nom d’hypnose. Qui n’a pas chanté une berceuse ou bercé un enfant pour l’endormir, ou utilisé la distraction pour ne pas penser à quelque chose de désagréable ?

L’hypnose utilise des techniques que nous utilisons tous de façon plus ou moins consciente. Elle donne des outils, des moyens, les mots à utiliser qui, lorsqu’ils sont bien maitrisés, sont plus efficaces,  plus rapides et plus profondément.

C’est une technique basée avant tout sur l’empathie. Elle nécessite d’être vraiment présent et attentif à l’autre, car le plus souvent, c’est la personne qui donne les clés de ce qui va fonctionner avec elle. Il faut apprendre à écouter, à décoder les signes que donne l’autre pour s’adapter. Il ne faut pas choisir une méthode au préalable et vouloir l’appliquer à tout prix.

Le plus important est pour moi de dédramatiser l’hypnose. Le mot «hypnose» provoque des résistances et des appréhensions. La plupart des gens pensent que les hypnotiseurs peuvent les manipuler durant une séance d’hypnose et leur faire faire des choses contre leur volonté. C’est dommage de ne pas profiter des bienfaits qu’apporte l’hypnose à cause d’aprioris.

Agnès et Georgia
Agnès et Georgia